Deux innocents

Deux innocents

Je n’avais pas lu Alice Ferney depuis son remarquable « Grâce et dénuement ». Dans son dernier roman, l’autrice pousse la psychologie des personnages à leur paroxysme, comme s’il fallait tout expliquer et remettre au goût du jour cette littérature du XIXème siècle qu’elle affectionne, au point d’en devenir ennuyeuse. Car le mystère s’efface devant la grande explication de texte.

Alice Ferney a renoncé à surprendre, ne pouvant s’empêcher, dans le premier tiers du livre, de nous alerter : attention, il va se passer quelque chose de grave.

Le sujet du roman n’arrange rien : les déboires d’une pédagogue empathique, Claire Bodin. Répéter. Répéter encore. D’autant que les élèves sont attardés : avec délicatesse, elle ne les catégorise pas pour éviter de les stigmatiser.

Parfois didactique, « Deux innocents » critique efficacement le système éducatif français prompt à sanctionner, la tyrannie de la mémoire numérique, les institutions spécialisées que l’on croit épargnées par la malveillance et notre société, malade de son hyper-sexualisation et de sa juridicisation, qui a renoncé à la nuance, au bon sens et à la présomption d’innocence.

Si l’analyse méticuleuse des sentiments est plus digeste dans les deux derniers tiers du roman, si le récit de l’injuste mise au ban de l’enseignante est poignant, je suis restée sur une impression générale de lourdeur. D’autres détails m’ont gênée : l’usage abusif des parenthèses et des tirets en début de roman (nécessaire ?), le cancer de Claire (indispensable à cette histoire ?) et le maladroit patronyme de la « méchante » directrice (Joyeux… comme les cafés ?).

En revanche, j’ai trouvé splendide la fin du roman qui, paradoxalement, fait appel à l’imagination du lecteur.

Bilan :🌹

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