Reverdir
Le roman de Constance Joly, parce qu’autobiographique, avait tout pour m’agacer. Mais j’avais adoré son style dans « Le matin est un tigre », alors j’ai voulu vérifier si, dans « Reverdir », sa plume avait gardé la même fraîcheur, la même élégance.
Je n’ai pas été déçue, d’autant que la sensibilité de l’auteure affleure dans ce récit d’une vie bouleversée. La voici donc qui trébuche, bousculée par les assauts du temps. Son enfant, devenue adulte, quitte le foyer et lui renvoie l’image de sa jeunesse évanouie. Sa mère, terrassée par Alzheimer, croupit dans une maison de retraite et lui rappelle que la vieillesse ternira ses jours.
La ménopause s’impose, le doute s’installe (« (…) je ne savais plus bien qui j’étais, plus tout à fait cette femme, plus tout à fait cette fille, plus tout à fait cette mère, mais la possibilité d’être toutes. Aucune »).
L’homme qui partage son quotidien ne lui suffit plus. Est-il devenu le compagnon du renoncement ? Elle prend la fuite (« J’ai ignoré délibérément ce que le langage de nos corps disait, je voulais m’enfoncer toujours plus loin dans le terrier d’Alice »). Elle se jette à corps perdu dans une nouvelle idylle, y voit un infaillible élixir de jouvence (« Je mérite un amour. Je veux vivre comme une femme, je veux des noces de chair et d’esprit ») mais tout est illusion (« À l’inverse d’Alice, je ne trouve pas la sortie du labyrinthe »).
Constance Joly, fragilisée par la cinquantaine, se dévoile avec pudeur, grâce et lucidité. À noter de très beaux passages sur la relation mère fille (p141) et sur la douloureuse expérience de l’Ehpad (p201).
Appréciation : 🌹