Nom

Cruel pour elle : conchier le nom qui l’a nourrie et dont elle se repaît encore. Une « petite fille de » qui renie ses origines et répète combien elle est brillante pour justifier son succès d’auteure et vaincre le symptôme de l’imposteur

Sur le papier, ce livre a tout pour me déplaire : une pistonnée qui se raconte dans un style télégraphique. Oui mais voilà, son anticonformisme fait réfléchir.

Constance Debré porte l’étendard d’un nihilisme radical doublé d’un hédonisme dont Chamfort a donné la définition : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale ».
En se délestant de toutes contraintes sociales et matérielles, en abattant son arbre généalogique, en rejetant son appartenance à cette bourgeoise qu’elle exècre (dans un élan marxiste désuet), elle crie sa liberté.

Aussi courageuse soit sa démarche, elle reste vaine parce qu’elle repose sur une illusion : le rêve d’une génération spontanée.
Son désir de liberté totale n’a qu’une issue, et cela ne semble pas la déranger, vus ses atavismes : la solitude, l’autodestruction, puis la mort.

Sa révolte vire au caprice d’adolescente qui construit son identité en désintégrant ce qui l’entoure.  À quarante ans passés, j’y vois aussi une forme de lâcheté. La plus grande des libertés n’est pas d’ignorer et d’immoler ce qui déplaît, c’est de le dominer avec respect, sans craindre pour son intégrité. Dire « non », et tracer sa route. Gandhi n’a pas sombré dans la violence. Mandela n’a pas cédé à la vengeance.

Ce récit m’a fait penser à une performance artistique contemporaine, un coup de gueule et d’éclat, une provocation salutaire dont on ressent durablement les effets. Pour cette raison, point de 🔪, d’autant que ça l’arrangerait. Pas question de lui rendre ce service « petit bourgeois conservateur ».

Bilan : 🌹

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