Saturne

Je suis mitigée, parce que j’ai trouvé les deux parties du livre inégales et, en apparence, déconnectées. Commençons par ce qui me gêne dans la première : le sentiment que Sarah Chiche ne va jamais au bout de ses sujets. Une saga familiale (200 pages, c’est un peu court pour faire une saga), la guerre d’Algérie, une fratrie compliquée, une histoire d’amour passionnelle, le poids de l’héritage familial, le retour en France des pieds noirs, la naissance de la clinique moderne… tout se bouscule de façon confuse et le lecteur, un peu perdu, cherche un point d’appui qu’il trouvera dans la deuxième partie du livre, quand l’auteure se recentre sur son personnage principal – elle-même. Une impression de déjà vu aussi : j’ai cru parfois assister à la projection d’un vieux classique d’Alexandre Arcady avec tous ses clichés et ses archétypes (Ève/Fiona Gélin, Joseph/Roger Hanin, Harry/Richard Berry…)

C’est dommage parce que la relation entre Ève et Harry est si forte, si bien décrite que tous les autres personnages en deviennent parasitaires. On veut juste rester avec ces deux-là et les regarder s’aimer : « mes parents à moi étaient des héros sombres, romantiques, et transgressifs. Tout avait été contre eux, sauf l’amour ».

La deuxième partie est plus cohérente, toute à la dépression de la narratrice, et jusqu’à sa rédemption. J’ai longtemps douté que la première partie puisse servir la seconde, jusqu’aux trois derniers chapitres (23-25) que j’ai trouvés splendides, à m’en faire oublier mon aversion naturelle pour l’autofiction. Il se trouve que la vie de Sarah Chiche a tout d’un roman. Nous sommes saufs.

Bilan : 🌹

Le métier de mourir

Le métier de mourir

Histoires de la nuit

Histoires de la nuit