Histoires de la nuit

Histoires de la nuit

De la grande littérature ! Laurent Mauvignier propose un pointillisme haute définition. Chaque pixel, pardon, chaque mot compte. Chaque image, pardon, chaque phrase, étaye un propos ou magnifie une situation. Un peu comme ce portrait de « la dame en rouge », peint par un personnage du roman, qui dévoile un secret à chaque observation méticuleuse. La comparaison s’arrête là ! L’adage dit qu’une image vaut mille mots. Les éditions de Minuit prouvent le contraire (on ne pourra pas me suspecter de complaisance vue la manière dont j’ai éraflé les précédentes sorties de cette maison) : c’est le rôle de l’écrivain d’épuiser les mots, de les polir avec autant de maestria, et non de servir docilement le scénario d’une future adaptation TV. 
Chez Laurent Mauvignier, les non-dits sont criant de vérité, les silences interrogent, les répétitions chahutent. L’écriture devient un instrument de précision dont la fonction dépasse la narration : elle déstabilise le lecteur et le place dans la même situation d’inconfort que chacun des protagonistes de son thriller en huis-clos. On sent chez l’auteur la volonté (l’obsession) de peser chaque mouvement, de disséquer chaque pensée, d’aller au bout de la psychologie de ses personnages, parfois jusqu’à la nausée. 
On est emporté, subjugué par la puissance de certaines scènes. Laurent Mauvignier excelle à parler (quelques exemples parmi tant d’autres) de l’agonie (p145), du doute (p297), de la peur (p333), de l’emprise, de la manipulation ou de la célèbre citation d’Al Capone : « On obtient plus de choses en étant poli et armé qu'en étant juste poli » (p503).
Je prédis que le roman « Histoires de la nuit » fera partie de la liste du Goncourt et qu’il en sera le grand favori.
Bilan : 🌹🌹🌹

Saturne

Saturne

Une bête aux aguets

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