Le récit du combat

Le récit du combat

L’écriture de Luc Lang est physique, viscérale ; elle vient du ventre et non du bout des lèvres. Ses mots sont pesés, en mouvement, savamment répétés, à la manière des katas qu’il exécuta sa vie durant.

Car il s’agit bien d’une autobiographie, d’un regard en arrière à la lumière de ce qui guida sa vie : la pratique des arts martiaux - pour conjurer la chute.

Une autobiographie et non une hagiographie. L’introspection ne glorifie pas ce qui fait le corps de son existence : un enchevêtrement d’évènements corrélés, deux faces d’une même pièce, deux forces complémentaires, à l’image d’une certaine philosophie asiatique.

Se construire avec la science du combat. Celle du judo que son géniteur maîtrisait et qu’il ne put lui apprendre – une occasion manquée d’officialiser son rôle de père. Celle du karaté, qu’il pratiqua avec ses fils (la « baga »), dans un dojo maison improvisé, désireux de ne pas rater ce qui l’obsède et fait le thème principal de son livre : la transmission.

Je ne suis pas adepte des récits autobiographiques mais quand ils sont écrits avec autant d’intelligence et de sincérité, je fais volontiers exception. J’ai beaucoup aimé les passages sur la piscine (p75), la nécessité d’un vêtement (p120), l’échelle des lieux (p159) et les chapitres consacrés à son expérience africaine, sa paternité, pleine d’humanité et d’humilité (avoir une ceinture noire n’empêche pas de s’énerver dans les embouteillages parisiens) et l’inéluctable déclin de ses parents.

Je laisse volontiers le dernier mot à l’auteur : « Ce qui importe, c’est de vivre à sa mesure cette tension vers la perfection, non pas celle d ‘un ailleurs mystique, d’une figure divine supérieure, mais très simplement la perfection d’une action concrète, tissée de gestes, de rythme, de vitesse et de chair ».

Bilan :🌹🌹

En garde

En garde

Le grand feu

Le grand feu