Je me regarderai dans les yeux
La virginité : obsession du monde arabe (p175), fantasme d’un occident sous l’influence d’un orientalisme démodé (p201).
La virginité pour que l’honneur de la famille soit sauf, pour faire écho à celles qui attendent ces messieurs dans l’au-delà, pour corroborer ce dicton susurré dans les alcôves : « faites qu’elle soit ange le jour et démon la nuit ».
J’ai vu la souffrance des jeunes femmes prisonnières de leur désir. Celles qui se font recoudre l’hymen, celles qui tolèrent qu’on les aime par la porte de service, celles qui n’ont d’autre choix que de s’enfuir.
En attendant, il faut dissimuler : « Mentir était la norme, mentir était une stratégie de survie, la seule possibilité d’être un peu soi-même sans disconvenir aux attentes et au discours général, sans sortir du groupe ». Le mensonge, antichambre de l’hypocrisie.
L’héroïne de ce roman est victime des rumeurs et des malentendus. Sa beauté, sa jeunesse et ses émois présumés cristallisent l’ignorance d’une mère, la lâcheté d’un père, les frustrations des hommes qui l’entourent et le poids des traditions (p65, 83, 110, 116). Une cigarette allumée, une soirée tardive avec ce petit-ami qu’elle fréquente depuis peu ? Il n’en faut pas plus pour la stigmatiser et lui imposer l’obtention d’un humiliant blanc-seing, le « certificat de virginité ».
Un premier roman maîtrisé sur un thème souvent traité : le paradoxe d’une culture arabo-musulmane qui célèbre le plaisir sexuel comme un avant-goût du paradis, tout en pavant d’embûches et d’opprobre les routes qui peuvent y conduire.
Appréciation : 🌹