Photo sur demande

Photo sur demande

Qu’est-il arrivé aux jurés du Goncourt ? Peut-être que le vote s’est tenu après un déjeuner trop copieux, que le Bourgogne et la béarnaise ont eu raison de leur discernement. Ou alors, ils vivent enfermés dans une bulle depuis trente ans et paf, les voilà soudainement touchés par la grâce et les réalités de ce monde.
La thématique du gay alignant les conquêtes avec au-dessus de la tête l’épée de Damoclès de la maladie mortelle a déjà été traitée par Hervé Guibert ou Guillaume Dustan à leur époque. Alors que pouvait avoir d’original le premier roman de Simon Chevrier ?

Rien ! La mécanique est toujours la même. Je vous la parodie ici : « je me connecte à Grindr. Antoine, 53 ans, dit qu’il aime mes photos, qu’il est pressé de me voir. Il me donne rendez-vous au bas de son immeuble. Je m’assois près de lui. Il me sert un mojito et me raconte sa vie. Il pose la main sur mon entrejambe. Je bande. Il me suce. Après l’amour, il me montre sa salle de bain. Il me dit qu’il me rappellera ».

Sur 180 pages, les amants changent, les décors itou, mais pour le reste, tout se répète, jusqu’à l’ennui (caricature p74). Alors on me rétorquera que la problématique de la mort du père est poignante, que la recherche éperdue d’un mime et modèle oublié ne manque pas d’intérêt. Insuffisant.

D’autant que si vous remplacez le personnage masculin par un personnage féminin, vous allez avoir l’énième version d’une pretty woman version trash, d’une personne paumée qui donne un sens à l’usage mercantile de son corps (« Je me dis que les passes me permettent au moins de me sentir vivant »).

Résumons : sujet barbant, style indigent, Goncourt navrant.

Appréciation :🔪🔪

Je me regarderai dans les yeux

Je me regarderai dans les yeux