Un air de famille

Un air de famille

Merci à Liana Levi de nous faire découvrir le meilleur de la littérature italienne contemporaine. Après Silvia Avallone, voici un autre talent venu de la péninsule, j’ai nommé Alessandro Piperno. 

J’ai souvent regretté que nos écrivains français ne sachent plus satisfaire aux règles élémentaires de l’écriture romanesque : la construction d’une fiction, l’épaisseur psychologique des personnages, l’érudition à bon escient et cette capacité, devenue rare, à retranscrire l’esprit d’une époque sans la caricaturer. « Un air de famille » y parvient, avec le charme qu’on a pu trouver chez Umberto Ecco ou dans « Un tout petit monde » de David Lodge, qui marqua toute une génération.

C’est également l’illustration que non, un auteur ne doit pas forcément rendre son héro sympathique pour mériter le succès. Le professeur Sacerdoti est misanthrope, un peu cynique, sûr de lui et de son sujet de prédilection, Gustave Flaubert. Il ne voit pas s’abattre sur les amphithéâtres les spectres du wokisme et d’un féminisme (formidable personnage de Teresa Ghinassi) prêt à rendre sa justice aveugle et rétroactive (p35, 45). Le voilà piégé, victime de son franc-parler et de son refus de l’obscurantisme, résolu à ne pas se coucher devant les nouveaux Mccarthystes. Le cinquantenaire est vaincu, sa réputation entachée, son avenir d’écrivain compromis.

Mais voilà (et c’est la deuxième partie du livre) que surgit des tréfonds de son histoire familiale ce neveu dont il faut s’occuper, un orphelin qui pourrait donner un sens à son existence. Leurs difficultés à s’apprivoiser, la maladresse de l’un, la réserve de l’autre, tous les infimes détails qui révèlent leur rapprochement progressif, sont illustrés avec subtilité par l’auteur (ex : la magnifique scène p 260).

Appréciation : 🌹🌹

Photo sur demande

Photo sur demande