En garde

En garde

Bienvenus en Absurdie !

Si chaque injustice fait l’objet d’un livre, les libraires ressembleront bientôt aux archives de Julien Courbet, et je ne crois pas que la littérature en sorte grandie.

Confirmation avec le livre d’Amélie Cordonnier qui n’a rien d’un chef d’œuvre. Mais son témoignage est fort, animé d’une rage légitime. Un livre utile, pour reprendre l’expression consacrée.

L’étalage de l’infortune personnelle n’a d’intérêt que s’il a une portée universelle. « En garde » (beau titre) revêt cette dimension : quand la machine administrative s’emballe et que l’État s’empare de notre intimité, on flirte avec « Brazil » ou « 1984 » … Alors le totalitarisme n’est plus loin (p144), et il faut alerter.

Cependant, quelque chose me dérange dans la démarche de la journaliste : est-ce un récit de vie (à charge) ou un roman ? La nuance a son importance. Si c’est une fiction, l’imagination débordante de l’auteure nuit parfois à la crédibilité de son histoire. Si c’est du vécu sans additif, l’appellation « roman » fait douter de la véracité et de la gravité du propos.

Les faits racontés : une famille bourgeoise parisienne (l’autrice étant la mère) est convoquée par les services sociaux après le dépôt d’une plainte anonyme (au 119). Les enfants seraient maltraités. S’en suit une situation ubuesque (pages 113, 137, 164, 180) qui, outre les entretiens humiliants, oblige la famille à héberger un inquisiteur agréé pour le moins invasif, au risque de la déstabiliser. Comble et paradoxe.

L’histoire est suffisamment hallucinante pour mériter une lecture mais elle tombe souvent dans un voyeurisme qui m’a mise mal à l’aise.

Bilan : 🌹

Un empêchement

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Le récit du combat

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