L'origine des larmes

L'origine des larmes

L’écrivain qui a reçu le Goncourt, on l’attend au tournant. On guette le faux pas, l’accident industriel.

Raté. Jean-Paul Dubois nous a encore écrit un grand roman, avec pour incipit un acte en apparence insensé qu’il analyse chapitre après chapitre : un parricide post mortem. Rien que ça.

Paul Sorensen parle ainsi de son père, Thomas Lanski : « (…) désaxé, dangereux, pervers, irrigué en permanence d’un flux malveillant. Dans cet univers inversé, mon seul et unique projet fut de grandir contre lui ».

Lanski, un homme sans scrupules (p31), cruel (p112), qui méritait bien de mourir deux fois. Mais qu’en dit la justice ? À quoi condamne-t-on un tueur de cadavre ?

À expliquer son geste ! Il aura ses raisons, ses circonstances atténuantes, ses motivations profondes. Les mettre à jour, c’est le boulot de Guzman, le psychiatre auquel Paul a l’obligation de raconter sa vie.

Enfin sa vie… Façon de parler. Du drame originel de sa naissance à son rôle de patron d’une entreprise (Stramentum) spécialisée dans la confection de housses pour macchabées, il semble que la mort ait été son unique et fidèle compagne.

La réussite de ce roman tient à ses fabuleux portraits. Celui du narrateur, Paul Sorensen, un homme à la dérive, privé d’amour maternel, qui s’en remet à l’IA pour sonder son âme, tel un Dorian Gray. Celui de l’odieux Lansky, en plaçant le diable dans les détails, comme ces petites phrases toutes faites qu’il utilise pour déstabiliser ses interlocuteurs (p39) ou sa manière de se goinfrer d’hosties en blasphémant (p64).

Ce bouquin est une tuerie.

Bilan :🌹🌹🌹

Rendez-vous à la Porte Dorée

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Le cratère

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