Le nom des rois
Enfant, Charif collectionne les noms des rois et des sultans, qu’ils viennent de France ou des confins de l’Asie. Il rêve au son des canons des armées de Napoléon, au cri d’Alexandre terrassant les Perses. Il s’endort avec l’image de leurs uniformes rutilants et de leurs chevaux cabrés, les yeux rivés dans ceux de la grande Histoire.
Alors quand il découvre que son nouveau camarade de classe, Walid ibn Wardane, est l’héritier de la dynastie des îles du Verseau, il peine à contenir son émotion, car il va côtoyer le fils d’un puissant.
À la même époque, Beyrouth attire le monde et les mondanités. Les célébrités se bousculent dans les grands hôtels de la ville et seule Brigitte Bardot, un peu ignorante et très orientaliste, n’y trouve pas l’exotisme escompté. Qu’importe, Beyrouth brille de mille feux, phare dans la nuit de cet imprévisible Proche Orient tel un volcan assoupi.
En grandissant, Charid découvre que les particules s’effritent rapidement, que les adultes ont d’étranges manières et de nombreux secrets (brillantes pages 55, 86 et 205). Bientôt le Liban s’embrase : « l’histoire était en train de se faire sous mes yeux, elle n’était plus dans les livres mais elle n’avait pas le grand lyrisme que lui conféraient la littérature ou les récits trop lisses des historiens que j’aimais. Je la découvrais maintenant et je la trouvais moche, roturière et vulgaire ».
Un beau roman d’initiation dans lequel l’auteur mêle subtilement ses souvenirs aux tourments de son pays meurtri.
Appréciation : 🌹🌹