Le silence des pères

Le silence des pères

Rachid Benzine poursuit son inventaire des drames arabes contemporains. Après la misère sexuelle, les enfants apatrides retenus en Syrie, il s’attaque à l’héritage mémoriel des premières générations d’immigrés maghrébins.

J’ai reconnu ces anciens au visage ridé, taiseux, dignes, le regard perdu dans l’horizon voilé de leurs souvenirs douloureux. Ce sont des bibliothèques oubliées, des drames enfouis sous la pudeur.

Le père d’Amine est de ceux-là, enfermé dans sa peine et ses regrets, alourdi par le poids d’une vie d’efforts et de renoncements. Après la mort de son père, Amine retrouve des enregistrements sur lesquels il s’adresse à son grand-père.

Chaque cassette augure une découverte, un pas de plus vers la vérité de ce père méconnu. Le labeur infini, des Charbonnages de France aux champs de melons du Sud. L’engagement auprès de ses camarades ouvriers, et le dévouement, toujours et partout.

Tant d’épreuves ignorées des plus jeunes. Pourquoi ? « Parce que les vieux comme ton père ils ont voulu que toutes les souffrances, tout ce qu’ils ont subi, s’arrêtent avec eux ».

Souvent émouvant, « Le silence des pères » n’a pas la profondeur et l’intensité de ses précédents romans. Le sujet nécessitait un plus grand développement. On reste un peu sur sa faim, par exemple lors de la brève évocation du concert d’Oum Kalthoum (p97), de la mort du frère (p102), sans parler du final qui, à lui seul, méritait un long chapitre.

Intéressantes considérations sur la promesse et la lâcheté qui consiste à ne pas savoir dire « je ne peux pas » (p113).

Bilan : 🌹

Chaleur humaine

Chaleur humaine

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