Chaleur humaine

Chaleur humaine

C’est le roman bilan du Covid qu’on attendait. L’exercice était létal (jouer la pythie a posteriori) mais Serge Joncour en est sorti indemne.

Il fallait bien trois ans pour faire le point, compter les victimes et désigner le nom du vainqueur. Ce ne sera pas l’humanité qui n’a rien retenu de ses errements (« Il convient de s’abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif »).

J’ai aimé l’histoire de cette famille d’origine paysanne que la pandémie va pousser dans ses retranchements. Alexandre, le fils, travaille auprès de ses parents, à la ferme. Il s’occupe des bêtes, il cultive les champs. Tel un sage, il observe les retours. Celui de la nature qui reprend ses droits. Celui de ses sœurs, femmes de la ville, qui s’étaient moqué de son choix atypique : vivre du travail de la terre.

J’ai deux réserves.

L’évocation du Coronavirus et de son impact quotidien sur nos existences m’ont lassée. J’ai eu le sentiment de feuilleter une compilation des journaux d’époque, de voir l’auteur cocher les cases, une à une, craignant de ne pas être exhaustif : approximations gouvernementales, exode urbain, confinement… Il n’a rien oublié. Dans cet exercice, Serge Joncour ne démérite pas, avec nombre d’observations savoureuses et pertinentes (cf. pages 149, 215, 243, 285, 294 et 339). Mais c’est une impression de déjà-vécu qui l’emporte – donc ni suspense nu surprise.

Une frustration aussi : celle de ne pas suivre plus longtemps cette famille recomposée par l’urgence. On la quitte au meilleur moment, quand les tensions s’apaisent et qu’une nouvelle ère s’annonce. Or, tout s’achève sur la pirouette symbolique du grand feu purificateur. Dommage.

Bilan : 🌹

Jeudi

Jeudi

Le silence des pères

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