L'adieu au visage
Enfin un livre qui ne parle pas exclusivement de la famille – la rengaine de cette rentrée littéraire. Fidèle à mes habitudes, je n’ai pas pris connaissance du sujet de ce roman avant d’en découvrir les premières pages. Surprise ! La Covid, Mesdames, Messieurs.
Ce récit nous rappelle un quotidien qui nous rebutait, fait de gestes barrière, de distanciel, de masques, de gel hydroalcoolique ou marqué par l’épreuve du confinement. On le sait tous, au début de l’épidémie, la nation a balbutié. Ces hésitations deviennent inadmissibles quand elles touchent l’intime et le sacré, en l’occurrence la dernière visite au défunt qu’on appelle « l’adieu au visage ».
On suit donc les pérégrinations d’un psychiatre qui partage sa journée entre ses maraudes et l’hôpital qui l’a réquisitionné. Il doit improviser, contourner la loi, passer outre les situations ubuesques et les directives sanitaires (ex. pages 95, 120). Oui, cela ressemble à une guerre parque ce que la mort se banalise et que l’humanité s’efface devant son grand ennemi, la maladie. Dans ce contexte, les clodos sont les plus exposés. Où se confine-t-on quand on habite nulle part ?
Le récit H24 de ce médecin mobile touche en plein cœur. C’est un marginal parmi les professionnels de l’hôpital. L’interrogation, la révolte (il faut donner aux familles le temps de saluer leur mort) ne pouvait venir que de lui.
Un premier roman de bonne facture qui ne méritait pas pour autant sa place dans la première liste du Goncourt. À noter l’excellente vanne du SDF, page 194.
Appréciation : 🌹