Autofiction… De quoi parle-ton ?
D’un terme inventé par Serge Doubrovsky et popularisé par les œuvres d’Annie Ernaux et de Christine Angot. De ces auteur(e)s qui racontent leur vie sans faire l’effort d’inventer une histoire. Ils placent ailleurs leur exigence. Il faut y avoir l’obsession d’être unique : au moins, leur vie, personne ne pourra la copier. Elle leur appartient.
Le problème des auteur(e)s d’autofiction, c’est que leur vie est souvent banale. Tout le monde n’est pas Jack London ou Karen Blixen qui non seulement ont eu des existences incroyables mais qui se sont donné la peine d’en tirer de merveilleux récits. On pourrait faire l’hypothèse que l’autofiction a remplacé les journaux intimes et les correspondances.
Pour qu’une autofiction me plaise, il faut qu’elle remplisse deux conditions : que le sujet soit original et surtout que le style ou la manière de le raconter soient exceptionnels. Voilà ce qui fera toujours la différence entre les textes indigents d’une néo-romancière comme Agathe Ruga (par exemple) et ceux, formidables, d’une Camille Laurens ou d’une Emma Becker.
Avec « La maison », je pense qu’Emma Becker a fait une expérience extrême qui pouvait donner à son autofiction la puissance et l’intérêt nécessaires. Quant à Sylvain Tesson (que je trouve inégal et suffisant), il fait du voyage la matière poétique de son moi. On aime ou on n’aime pas mais il y a dans les deux cas, la louable volonté de sortir de son biotope littéraire. Là est peut-être la clé d’une autofiction légitime et réussie : prendre des risques, se mettre en danger.
Et vous, que pensez-vous de l’autofiction ?