Le crépuscule des hommes

Le crépuscule des hommes

Nonobstant la gravité et le caractère exceptionnel des faits jugés, les audiences s’éternisent et le procès de Nuremberg s’enlise. Il faut le témoignage de la rescapée d’Auschwitz, Marie-Claude Vaillant-Couturier et celui, cynique et glaçant, de Rudolf Höss pour réveiller les esprits lassés par la litanie des horreurs entendues.

Les alliés ont rasé des villes entières, les Américains ont lâché deux bombes atomiques sur le Japon, portant à une échelle jamais atteinte l’anéantissement des civils alors le concept de crime de guerre devient soudain relatif. C’est le concept de crime contre l’humanité qui va donner au procès sa dimension historique, et aux accusés le coup de grâce que leurs victimes attendaient.

Alfred de Montesquiou décrit avec minutie les coulisses de ce procès hors normes, les célébrités qui s’y invitent, le spectacle agaçant qu’il devient en exposant les monstres du IIIème Reich dont le charismatique Göring (« Certes, c’est son chant du cygne, mais pourquoi le laisser chanter si longtemps ? ») et le théâtre d’une guerre froide qu’il annonce en confrontant deux postures antagonistes (« Les Américains sont ici parce qu’ils sont soucieux de justice. Les Soviétiques parce qu’ils sont avides de vengeance »).

Un roman passionnant, sur une corde raide, oscillant entre la comédie humaine et l’évocation de l’impensable. Cette hésitation en fait l’intérêt, et la faiblesse. On ne va jamais au fond du gouffre. L’auteur freine, rapporte les potins plutôt que d’examiner le mal absolu. Pour cette raison, j’ai préféré « Le nazi et le psychiatre » de Jack El-Hai qui racontait le fatal face à face de Douglas Kelley avec son patient, Hermann Göring. Il me hante encore.

Appréciation : 🌹

Le nom des rois

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