En tre toutes

En tre toutes

Je suis partagée.

Franck Bouysse parle très bien des femmes. Son évocation de la relation mère-fille (Anna et Marie) est sensible, juste dans la complicité qui les unit (ex p96).

Sa plume est élégante, sans jamais céder à la facilité. J’ai noté de très beaux passages aux pages 70, 129, 200 et 204.

Et puis (la marque des bons écrivains), Franck Bouysse a de belles fulgurances, cette capacité rare à exprimer une idée de manière évidente et pertinente : « Elle s’en alla donc avant l’avènement du numérique, avant que l’homme ne cède la place à son image » ; « Elle ne lui en voulait pas de faire comme si elle n’existait plus, elle lui en voulait de faire comme si elle n’avait jamais existé ».

Mais…

Le récit ronronne, du moins jusqu’à la page 124 et cet instant où les destins vrillent. On ne fait pas de bonne littérature avec les bons sentiments. C’est l’impression que j’ai eue avant l’arrivée des maquisards et la révélation d’un monde injuste. Guillaume et Raymond, générateurs de tensions, ont des apparitions trop furtives. Le pari de la fresque familiale oblige aussi l’auteur à traverser l’histoire, à l’expliquer, et ce n’est pas d’une grande originalité (ex p184).

En fait, c’est comme si parler de sa grand-mère l’avait tétanisé, qu’il avait craint d’en trahir la mémoire par ses audaces. Respectueux, il ne s’autorise pas les libertés qui auraient donné au récit son intensité. Par comparaison (l’attribution des prix littéraires approchent), Laurent Mauvignier est beaucoup plus inspiré.

Appréciation : 🌹

Août

Août