Intervalles de Loire

Intervalles de Loire

La Loire est un fleuve nonchalant que l’avènement du train sauva du labeur. Quiconque la croit docile se fourvoie. Il y a les rives qui s’effondrent, les bancs de sables qui confondent, les courants trompeurs et la marée, près de l’embouchure, qui force la manœuvre. La Loire se mérite. La Loire se respecte. Michel Jullien la vénère, comme l’Amazone ou l’Everest. 
Avec ses deux comparses, il entreprend de la descendre en barcasse, parodie de gabarre, d’Andrézieux à Saint-Nazaire. Le jour, ils souquent à tour de rôle, glissant entre les rives d’où les pêcheurs immobiles les observent. La nuit, ils campent sur de petits ilots, dérangés par le coassement des grenouilles.
Le héros de cette aventure, c’est la Loire. Michel Jullien en décrit magnifiquement les caprices, les bruits sur la surface (p33), les abandons (p42), les effluves délicates ou nauséabondes (p65) ou encore, la vision menaçante des centrales qui signalent leur sombre présence par d’interminables panaches blancs (p69).

Je suis grée à l’auteur de ne pas avoir gâté le voyage avec des considérations touristiques (à votre droite…) ou une introspection que la contemplation du fleuve aurait pu susciter. Il n’en a que pour le fleuve. Il en parle d’une langue poétique, vernaculaire aux abords des villages.

J’ai aimé donc, mais je ne suis pas objective. J’ai passé mon enfance près de Châteauneuf-sur-Loire. Avec mon grand-père, nous avons taquiné le goujon, rêvé de silure et guetté l’échassier. Quel bonheur de revivre son enfance sous la brillante plume de l’écrivain.

Bilan : 🌹🌹

Dans la lande immobile

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