La famille Martin

La famille Martin

Qui ose tout ce foin pour Foenkinos ? Que c’est mauvais !

Lieu d’achat : Carrefour (symboliquement, j’y tenais). Coût : 19,50 euros ; à la fin de cette chronique, je vous dis tout ce que vous pouvez acheter avec 19,50 euros. Temps de lecture : 3h15 ; à la fin de cette chronique, je vous dis tout ce que vous pouvez faire en 3h15 de votre précieux temps.

D’abord l’intrigue, bancale : un romancier qui ne trouve pas l’inspiration et apostrophe un quidam dans la rue, en désespoir de cause (p14).

Ensuite le titre : une grosse ficelle marketing car Martin étant le nom de beaucoup de Français, il y aura bien un « cœur de cible » pour dire « on l’achète ils s’appellent comme nous ». L’avantage avec la banalité du nom (et la vie qui va avec), c’est que Foenkinos peut encore parler de lui (exemples édifiants p104 et p127), parfois avec une certaine lucidité (p15) mais sans autodérision - il ne faut pas exagérer. C’est un livre qui ne démarre jamais, tout entier dédié à l’ébauche du projet. Les clichés pullulent, les anecdotes sont des potins et le style, d’une rare platitude (voir le dialogue p131). Les sujets ? Conventionnels (naufrage du couple, vieillesse nostalgique) et mieux traités par d’autres auteurs, comme l’adolescence que Riad Sattouf raconte si bien (sur un temps long) dans les cahiers d’Esther ou Lagerfeld, examiné avec talent par Raphaëlle Bacqué.

Le Masque et la Plume l’avait pourtant prévenu (il y fait allusion) : « il faut travailler plus, M. Foenkinos ». Mais la spécialité de David, ce sont les plateaux de télé (il est si sympathique) et les plateaux de petits fours qu’on lui sert dans les cocktails mondains.

Le dernier roman de David Foenkinos, c’est comme une chouquette, elle est trompeuse, et finit par gaver. Sucrée en surface, vide à l’intérieur, elle n’en est pas moins bourrative.

Faux départ, fausse modestie, fausse mise en abyme, fausse intrigue, tout sonne faux dans ce livre, avec au final cette confession confondante et mielleuse, comme un aveu d’échec : « J’avais compris que la vie demeure le plus puissant des antidotes à la fiction ». Ah oui ? Alors cessez de faire l’écrivain.

Bilan : 🔪🔪🔪

Pour 19,50 euros, vous pourrez acquérir : 800 grammes de chouquettes, un vibromasseur multi vitesses avec ventouse, un tube d’autobronzant Garnier ambre solaire, une entrée pour le musée d’Orsay + une bouteille d’Évian, un abonnement mensuel sur Netflix…

En 3h15, vous pourrez : revoir le film « La liste de Schindler », appeler votre ex, courir le marathon de New York, aller en train jusqu’à Canterbury (UK), faire cinq fois le tour du périphérique en écoutant votre musique préférée, patienter dans la file d’attente du bureau de poste…

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