La patience des traces

La patience des traces

Un roman sur les fractures intimes et la reconstruction, que l’art japonais du kintsugi résume à merveille.
Simon est un psychanalyste qui a consumé son existence en recueillant la détresse de ses patients (« Tant d’années à écouter le mystère de la vie. À s’en approcher. ») et s’est un peu perdu en route (« Toute sa vie passée à écouter les autres. Il n’écoute plus personne »).

Pour se retrouver, il décide d’aller au bout du monde, dans les îles japonaises de Yaeyama (« Accepter totalement l’étrangeté autour de soi »). Il y fait la rencontre d’un vieux couple de Japonais qui vit en communion avec la nature, tout entier dédié à son artisanat.

Simon peut enfin se taire et contempler. Observer la beauté qui s’offre à lui, comme cette raie Manta facétieuse ou la fascinante chorégraphie des mains sur le métier à tisser (« Avoir cette confiance dans les mais qui répètent les gestes venus de si loin » et p165). Il y puise une émotion si pure qu’elle le mène à sa propre vérité, à des blessures qu’il avait cautérisées tant bien que mal, n’ayant d’autre choix que de se consacrer à celles des autres.

Si l’évocation du triangle amoureux à l’origine des tourments de Simon m’a ennuyée, sa recherche de l’altérité et du minimalisme m’a davantage convaincue. Je pense que sa découverte a réveillé mes souvenirs d’un voyage au Pakistan où j’avais été initiée à la teinture à l’ajrak et où le spectacle d’un potier de 90 ans façonnant un vase à même le ruisseau m’avait bouleversée.

Bilan :🌹🌹

Le pain perdu

Le pain perdu

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