Le roitelet

Le roitelet

Quand j’ai compris que l’auteur parlait de sa vie, il était trop tard pour interrompre le cours de ma lecture - et bien mal m’en aurait pris. Parce qu’il ne s’agissait pas de lui, mais de son frère, atteint de schizophrénie. C’est toujours pareil avec l’autofiction, si l’auteur a des choses fortes à raconter et que son style est singulier, ça fonctionne : « Le roitelet » remplit ces deux conditions.

Il est difficile d’exposer la maladie mentale d’un proche sans sombrer dans le pathos. Jean-François Beauchemin fait des miracles, sur un fil, entre espoir et douleurs.

« Le roitelet », c’est le surnom qu’il a donné à son frère, tourmenté, paranoïaque et dépressif depuis l’adolescence, incapable d’affronter le monde : « Souvenez-vous que la réalité le fait souffrir. (…) Essayez, dans la mesure du possible, de le réconcilier avec elle ».

Pas si simple. Son frère se recroqueville, s’incarcère dans son malheur, le tout avec une lucidité déconcertante : « Je suis un puits sans fond. J’ai beau fouiller, je n’aperçois rien qu’une nuit profonde ». Et cette page 46…

Il ne reste à l’auteur que l’amour, l’indulgence et l’empathie. Être présent, sans nécessairement prendre la parole : « C’est trop demander à son extrême sensibilité de vivre dans ce monde orageux, plein de grisaille e de crachin. En un sens, ton frère se bouche les oreilles et regarde ailleurs. Si tu veux l’aider, regarde dans la même direction que lui ».

Un récit émouvant et profond qui transcrit avec délicatesse et pudeur le désarroi que peut susciter la détresse psychologique d’un être cher.

Bilan :🌹🌹

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Demain les ombres

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