My absolute darling

My absolute darling

J’ai vu passer ce livre 100 fois sur les comptes Insta mais les thèmes fétiches de @editions_gallmeister m’ont lassée: une forêt, des psychopathes et si possible, un loup. Le premier chapitre m’a rendu perplexe : encore une histoire d’inceste et de viol sur mineure. Je doutais. Une criminologue m’avait expliqué que l’espèce humaine e exploré tous les registres de l’atrocité. Mais la narration m’a conquise. J’ai été impressionnée par la très juste évocation du pervers narcissique : Martin, le père de Julia, fait le mal tout en culpabilisant sa victime. J’ai été captivée par ce pages turner : la tension est constante. Mais le principal intérêt du livre n’est pas là. Il y a d’abord l’atmosphère, lugubre, dans cette forêt omniprésente, agressive. À chaque début de chapitre, Gabriel Tallent décrit les plantes à la manière d’un inspecteur de la police scientifique (il fait pareil avec les armes). Cette exigence à disséquer, exposer le végétal rappelle l’affrontement entre nature et culture. La nature, c’est l’état sauvage, le comportement du père, un homme dont les pires instincts se réveillent quand il s’isole du monde. La culture, c’est la civilisation, la ville, l’école, les femmes, protectrices, salvatrices. Cette opposition assumée de l’homme-nature et de la femme-culture est puissante. D’autant qu’à deux moments du livre, l’héroïne tente de dompter la nature menaçante pour sauver l’homme qu’elle aime (passage sur l’île) représentant d’une civilisation superficielle et gentiment décadente ou pour se reconstruire (le potager). Un renversement inattendu qui donne de la profondeur à l’opposition nature-culture, et à la relation complexe entre le père oppresseur et la fille prisonnière de son ADN. L’analyse psychologique des personnages est de haute volée. L’horreur n’est pas gratuite, comme dans beaucoup de thrillers scandinaves. C’est un livre qu’il faudrait lire 4 ou 5 fois pour en apprécier toutes les subtilités, et tous les thèmes sous-jacents (la mère-la mer, la maison-le foyer, la femme-fille…) : la définition d’un chef-d’œuvre.

Bilan : 🌹🌹🌹

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