Faut-il manger les animaux ?

C’est à la fin du roman de Vanessa Bamberger, Alto Braco, que j’ai eu envie de me replonger dans le livre-enquête de Jonathan Safran Foer dont j’avais adoré le « Extrêmement fort et incroyablement près ». À la naissance de son premier enfant, Jonhatan Saffron se pose cette question fondamentale : pourquoi devrais-je manger des animaux morts, en d'autres termes, de la viande ? Il se lance alors dans une enquête minutieuse qui le mènera dans les coulisses des fermes industrielles américaines. Cette investigation donne toute sa valeur à son témoignage parce qu’il a pris le soin et la responsabilité d’aller voir par lui-même plutôt que de se fier à des lobbyistes ou à des leaders d’opinion. Son récit, plein d'humour et de bon sens, nous démontre l'absurdité d'un système qui éloigne de plus en plus le consommateur de l'animal. J’ai particulièrement aimé les dialogues de l’auteur avec cet éleveur qui traite l’animal avec le plus de douceur possible, avec « amour » oserait-on dire… jusqu’à l’abattage – ce qui ne se fait pas sans regrets ni sentiments de culpabilité. L'auteur ne tente pas de nous convertir au végétarisme. Ce n’est pas un ayatollah prêt à saccager la devanture des boucheries. Il milite simplement pour un traitement plus « humain » des bêtes destinées à la consommation. Car les poules, confinées dans des espaces grands comme des feuilles A4, ne savent plus courir, nous apprend-il. Quant aux veaux, ils absorbent plus de produits dopants que Lance Armstrong. Avec ce livre, vous apprendrez beaucoup. Je suis ressortie de cette lecture un peu sonnée, comme si on m’avait révélé un secret que j’aurais préféré ignorer. Mais maintenant je sais, je mange en connaissance de cause.

Bilan : 🌹