Les alchimies

Les alchimies

Un corps à corps éblouissant avec la mort.

Il est rare qu’une auteure nous entraîne dans ses obsessions avec cette impatience, cette énergie, prenant le risque de se dévoiler à chaque ligne. Il est encore plus rare qu’elle en fasse un grand roman. Ses obsessions ? Le rôle du père, Saturne (Chronos), la figure de l’artiste, la finalité de la violence, l’Espagne peut-être et puis, entre toutes, l’examen méticuleux de ce fil ténu qui nous retient à la vie.

Camille, le personnage principal, est médecin légiste, résolue à « opposer les forces de l’esprit à la violence, rendre à la lumière le fond le plus noir de ce que nous sommes – des humains ».

Elle a des atavismes. Un père, Pierre, pour qui « La mort n’est pas une chose triste si on considère qu’elle fait partie intégrante du monde des vivants ». Un parrain, Alexandre, qui s’intéresse au cerveau humain et qui, comme beaucoup de phrénologues avant lui, se demande s’il existe une corrélation visible entre le génie d’un homme et la forme de son crâne. Une mère, Léa, « habitant avec humilité le monde lumineux de l’intelligence », muse éclairée des hommes qui l’accompagnent.

Tous ces personnages sont transcendés par les toiles de Goya, persuadés que pour si bien dépeindre la souffrance et les ténèbres, il faut, tels Charon ou Gabriel, détenir la connaissance, savoir ce qui suivra notre dernier souffle. Goya savait. Alors Camille, Pierre, Alexandre et Léa ont inlassablement suivi sa trace.

Il y a une phrase de Goya que Sarah Chiche ne renierait pas : « Toute la peinture est dans les sacrifices et les partis-pris ». Elle s’applique aussi à l’écriture de son roman « Les alchimies », auquel je prédis un bel avenir.

Ça se confirme : j’ai un faible pour les psychanalystes et les philosophes qui écrivent.

Bilan : 🌹🌹🌹

Le grand feu

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À pied d’œuvre

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