Trouver refuge

Trouver refuge

J’ai eu du mal à rentrer dans ce roman parce que la fuite en Grèce servait de prétexte à l’étalage de la culture classique de l’auteur. Montrer sa science en littérature n’est pas une nouveauté mais à ce jeu, je trouve que Mathias Énard s’en sort mieux.

L’auteur démontre plus qu’il ne montre dans cette dénonciation bien-pensante des dérives totalitaires de nos démocraties et de la gangrène nationaliste.
Sacha, alter-ego de l’auteur, se pose en sage qui, inspiré des cultures antiques, critique notre époque (pages 38, 42, 45, 203, 220, 350). Entreprise de démolition à laquelle participe le personnage du moine orthodoxe Syméon - retiré du monde.

Aussi didactique et maladroit (à certains endroits) soit-il, le roman de Christophe Ono-Dit-Biot est un beau plaidoyer pour le temps long, dont les épaisses murailles du Mont Athos sont le miroir. Passé l’agacement, c’est le plaisir qui prend le dessus. C’est si rare d’apprendre en lisant, de redécouvrir des mots rares (ex : abaton, porphyrogénète, simandre…).

L’évocation de la relation filiale (Sacha-Irène) est émouvante même si les réflexions de cette petite fille, vu son âge, manquent de crédibilité. Autre réussite, le caractère cinématographique du récit. Les images convoquées imprègnent la rétine autant que la mémoire.

Je regrette certaines formules hasardeuses (« Ils étaient seuls mais seuls à trois, donc pas seuls »), d’étonnantes chutes de ton (pages 29, 101, 253) et des répétitions (du mot « mine » - ok, l’héroïne s’appeler Mina, mais quand même).

Au carrefour des genres, entre dystopie, polar, pamphlet politique, comédie romantique et satire sociale, je me suis un peu égarée.

Le roman finit mieux qu’il ne commence (il y aurait beaucoup à dire sur le refus du martyre). Et je salue malgré tout l’ambition de l’auteur : concocter un roman d’aventure populaire avec des ingrédients élitistes. Pour cette raison, il est bien placé pour le Renaudot.

Bilan : 🌹

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