Vivonne

Vivonne

Superbe !

Je pourrais vous dire que ce livre est le fruit d’une collaboration fantasmée entre René Barjavel et Sylvain Prudhomme. Ce serait flatteur tout en ne rendant pas justice au talent singulier de Jérôme Leroy qui, dans son dernier roman, fait une déclaration tonitruante et réjouissante : la poésie peut nous sauver du chaos !

Adrien Vivonne est un beau gosse dont les textes transcendent quiconque les approche, le genre de garçon qui séduit les filles malgré lui et sur lequel le temps et l’agitation ambiante n’ont aucune prise. Voilà pourquoi ses lecteurs l’adulent, parce qu’il est désintéressé, détaché du réel, tendu vers l’absolu.

Alexandre, son ami d’enfance, en est jaloux, au point de freiner sa carrière d’écrivain dans la maison d’édition qui le publie. Repenti, il se met en tête de rédiger sa biographie. Mais Vivonne a disparu. Pour le retrouver, il suit la trace de ses amantes et de sa fille, Chimène, dont il ignore l’existence.

L’auteur nous fait traverser une France déchirée par les crises climatiques, la « libanisation » et bientôt, cette apocalypse moderne, la disparition totale des connexions. L’occasion de nous démontrer l’absurdité de nos existences, plus réglées par la 5G que par nos 5 sens (« Nous serions d’éternels spectateurs de nos vies, condamnés à être connectés en permanence les uns aux autres dans un présent perpétuel jusqu’à la catastrophe en cours, inévitable, parce qu’à un moment ou un autre, le réel se venge d’avoir été réduit en esclavage par les algorithmes »). Son portrait de notre société est cruel et baroque, lucide comme du Houellebecq, la lassitude, la misogynie et le cynisme en moins.

Vivonne a tout pour devenir un roman culte que l’on relit plusieurs fois, que l’on conseille à ses amis à voix basse, comme s’il s’agissait d’un secret d’état.

Bilan : 🌹🌹🌹

 

 

 

 

Seul entouré de chiens qui mordent

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