Une confession

Une confession

Un vrai roman policier ! Ce n’est pas un hasard si George Simenon avait repéré le petit chef d’œuvre de John Wainwright. Comme chez le maître du genre, on y retrouve le même sens de l’intrigue mais surtout, la capacité à faire d’une enquête policière le prétexte à la satire sociale. Car au-delà du crime présumé, « Une confession » est le récit d’un bonheur conjugal en chute libre (j’adore cette citation tirée du film Love Story « L’amour, c’est ne jamais avoir à dire qu’on est désolé »), la critique en règle de l’hypocrisie bourgeoise, la mise en évidence du plus grand des maux contemporains : le jugement hâtif des apparences. Pas besoin d’être trash pour impressionner son lecteur. En cela, le livre de Wainwright est aussi un croche-pied involontaire à tous les thrillers de notre époque, « du porno soft et sanglant débité par un quelconque idiot à l’imagination débridée » (p202). Dans ce roman, il y a d’abord les faits : une femme, partie en ballade avec son mari, qui tombe d’une falaise et se tue sur les rochers. L’auteur nous place en spectateur privilégié d’une confrontation des points de vue, ceux du mari, du fils, du témoin et de l’inspecteur chargé de l’enquête. Ce n’est que dans les toutes dernières pages que la vérité est enfin dévoilée : du grand art, à l’ancienne. En fait, ce roman offre un exemple édifiant de construction d’un roman policier : on prend un drame intime (somme toute assez banal), on le détricote, on sème les indices, on trace les fausses pistes, on complexifie les évidences, on installe les pièges… Le tableau lisse et vernis devient une troublante mosaïque. Wainwright aime passionnément ses personnages, sans favoritisme ou manichéisme. Il en distille finement la psychologie, adresse au passage ce message au lecteur : ne juge pas trop vite, tu pourrais être l’un d’entre eux, ne te reconnais-tu pas dans leurs faiblesses ? Merci à @sonatineeditions d’avoir ressorti ce bijou des placards.

Bilan : 🌹🌹

Ce qui est monstrueux est normal

Ce qui est monstrueux est normal

Honorer la fureur

Honorer la fureur