Une ombre qui marche

Une ombre qui marche

Avertissement : ceci n’est pas un roman, c’est un « roman-essai », gigogne, une mise en abyme. Si vous aimez les digressions érudites et les parenthèses scholastiques, vous serez comblés. Mais il est possible que cette lecture vous ennuie, que vous la rangiez dans la catégorie « onanisme neuronal »… Et qu’il vous tombe des mains.
Tiphaine Le Gall, s’est bien amusée avec son vrai faux sujet d’étude, Timothy Grall, son double masculin (« le Graal de Le Gall »). Grall est un écrivain charismatique dont le dernier opus « L’œuvre absente » va déstabiliser par son impertinence. Il se résume à des pages blanches qui rappellent la controverse du « Carré blanc sur fond blanc » de Malevitch ou la blague spirituelle que font les filles en offrant à leur prétendant un livre (complètement vierge) intitulé « Ce que les hommes savent des femmes ». Les passions se déchaînent. On crie au génie ou on dénonce l’énième foutaise, digne d’un mauvais art conceptuel.

Tiphaine Le Gall a réussi une prouesse : parler du vide et faire l’exégèse du blanc avec maestria, tout en taclant les critiques littéraires (ah, le clin d’œil de la page 156 et les explications qui suivent).

Pour parvenir à ses fins, Tiphaine Le Gall convoque Montaigne, Flaubert, Nietzsche, Bergson, Ricoeur et de façon plus surprenante, Nicolas bouvier et son « Usage du monde ». Les réflexions de Le Gall sont intéressantes (dénonciation du matérialisme, pessimisme ambiant en temps de pandémie, art contre production, engagement du lecteur, le désir par le vide, etc..) mais - c’est ma grande réserve – elles ressemblent trop souvent à des notes de cours joliment orchestrées. Ou peut-être suis-je trop attachée à la forme d’un roman plus classique.

Bilan : 🌹

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