Une odeur de sainteté

Une odeur de sainteté

Une occasion manquée.

Il y avait une jolie corde raide à monter, entre la pureté consacrée de cette Émérence et sa débauche présumée, à la frontière du vice et de la vertu. Et cette question qui taraude : de quoi la sainteté est-elle le nom ? Qui mérite d’être canonisé et dès lors, de se voir propulser aux confins d’une intouchable postérité ? Et enfin, l’odeur de ce cœur momifié (« une senteur ténue mais voluptueuse ») qui bouleverse l’héroïne, Jeanne Doucet, quelle est-elle ? Quel pouvoir secret exhale-t-il ? Peut-on suivre les pas d’un être disparu par sa seule empreinte olfactive ? Sans doute ce dernier thème était-il intimidant : Patrick Süskind a « tué le game » avec son best-seller « Le parfum », au point que presque plus personne n’ose s’attaquer au sujet.

Un livre inégal, dans son intensité. À l’image de beaucoup de films américains indépendants, le mystère de cette histoire est magnifiquement posé et puis, dans la deuxième partie, sa résolution déçoit.
C’est un roman trop court pour un si grand sujet. L’auteur n’a pas pris le temps d’examiner la psychologie des personnages. Ils sont de passages. En pointillés. On aimerait en savoir davantage sur Jeanne, le nez des grands parfumeurs. On est frustré de ne pas mieux connaître le professeur Alexandre Bonnencontre ou le diacre Caposi. À l’inverse, certains personnages secondaires s’avèrent saugrenus, étrangers au récit comme l’hôtelière Keiko. À quel dessein relater son étrange comportement ?

Ces réserves mises à part, « Une odeur de sainteté » (habile titre) est bien écrit et sa lecture agréable.

Bilan : 🌹

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