Une sortie honorable

Une sortie honorable

On peut reprocher à Éric Vuillard de s’emparer encore d’un pan de l’Histoire plutôt que d’inventer une histoire. Certes, mais il le fait très bien. Ses textes sont remarquablement écrits et on y apprend toujours quelque chose. Vuillard reprend ici un de ses thèmes favoris : la complaisance et la compromission des élites au pouvoir.

Il n’a pas son pareil pour dénoncer la collusion des hommes politique avec le complexe militaro-industriel. Dans son roman, il fustige les fossoyeurs de la Quatrième république. Des notables bouffis, des nobles consanguins, des maires à vie, intouchables en leurs fiefs, confortablement installés sur les bancs du Palais Bourbon, que Vuillard caricature avec soin et férocité (exemples pages 29, 41-43, 112, 129, 170-173).
De leurs bassesses et de leurs calculs, sont nées quelques réformes et beaucoup d’approximations. Quand il s’agit de morceler l’empire, ces messieurs s’indignent et rechignent. La défaite de 40 est encore dans leurs esprits et, lorgnant sur les continents, ils ne peuvent se résoudre à l’inévitable : l’indépendance des colonies qui ont enrichi leurs entreprises et qui, au nom des droits de l’homme – une idée brevetée en France - aspirent à la liberté.

Diên Biên Phu (ce désastre : « Il reste deux jours de vivres et Castries n’a plus qu’une bouteille de Cognac ») fait partie de ces territoires, comme la passe de Khyber ou les plaines russes, qui s’est refusée aux envahisseurs. Les Français n’ont pas retenu la leçon. Les Américains non plus. Et l’auteur de rappeler qu’on a déversé sur l’Indochine devenu le Viêt Nam plus de bombes que pendant la seconde guerre mondiale. Les occidentaux ont l’honneur mal placé.

À noter, les cinglantes critiques (à peine détournées) adressées aux promoteurs de la Start-up nation (page 179) et aux gouvernements aveugles à la détresse des populations migrantes (p198).

Bilan :🌹🌹🌹

Paris-Briançon

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Numéro Deux

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