Avant elle

Avant elle

Elle, c’est la dictature des généraux, en Argentine. La chasse aux partisans de Perón, les escadrons de la mort, la torture, la complicité de l’Église catholique, tous ces milliers de disparus qui ont entaché à jamais la mémoire du pays. 

Le père de Carmen a fui l’Argentine et son odieux régime mais de cette sombre époque, il ne parle pas. Par pudeur, par peur de réveiller d’anciens démons ? La mère de Carmen, elle, a mis fin à ses jours, il y a dix ans. « Avant elle », c’est aussi la période qui précède sa tragique disparition.

Chez Carmen, quelque chose ne tourne pas rond. Ses crises, de plus en plus violentes, lui valent de nombreux séjours en hôpital psychiatrique. Avec le décès de son père s’ouvre un abysse de questions dans lequel Carmen est précipitée, au risque d’y perdre sa santé mentale. 

Elle se démène, fouille les archives et trouve ce carnet dans lequel son père a consigné les évènements qui ont jalonné sa vie, de Buenos Aires à Paris. De secrets en révélations, Carmen est confrontée à un cas de conscience : quels bénéfices va-t-elle retirer de la lecture du carnet intime ? « (…) Le mensonge protège là où la vérité foudroie, pourquoi faudrait-il toujours que la vérité triomphe ? » (p101).

« Avant elle » est un bon premier roman dont l’intérêt ne réside pas seulement dans l’évocation de la dictature argentine, dont l’auteure analyse remarquablement les mécanismes : « C’est le confort du plus grand nombre qui permet à l’horreur de s’ériger en système » (p113). Johanna Krawczyk interroge surtout le devoir de mémoire, aussi douloureux soit-il. Doit-on tout lui sacrifier pour garder espoir et dignité ? Une question pertinente au moment où notre pays fait l’examen de ses égarements passés.

Bilan : 🌹🌹

Que sur toi se lamente le tigre

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Canoës

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