Borgo Vecchio

Borgo Vecchio

« Borgo Vecchio » a le parfum de la Sicile, jusque dans l’odeur du sang. L’Italie du Sud, ce sont les Italiens qui en parlent le mieux. C’est en lisant le roman de Giosuè Calaciura qu’on réalise à quel point les Français s’embourbent dans les clichés quand ils enfilent la botte (cf. « Le soleil des Scorta » de Gaudé ou, pire, « Je cherche l’Italie » d’Haenel). Dans le Palerme de Calaciura, les pères alcooliques dérouillent leurs fils, les putains prient la Madone après chaque étreinte, les chapardeurs préfèrent le revolver au couteau, les curés ferment les yeux et les flics ont l’exaspération tardive. À Borgo Vecchio, le profane provoque le sacré, la désinvolture côtoie le drame. Au milieu de la fatalité des rues et des caniveaux, il y a pourtant quelques âmes prêtes à tout risquer pour changer le monde. On épousera la prostituée, on assassinera le père indigne, on fera triompher la justice quitte à tutoyer le crime une fois de trop. S’il s’agissait seulement d’un tableau de Palerme savamment exécuté ! Jérôme Ferrari a raison de souligner la singularité du style. L’histoire est transcendée par la qualité de l’écriture, sa poésie, la manière dont les mots ouvrent des horizons que la ponctuation semblait interdire. Les pages sur l’odeur du pain (p46-50) méritent à elle-seules le détour. Quand on est passionnée de littérature, on lit pour connaître ces moments de grâce. Si l’intrigue n’a rien d’originale (la femme convoitée, la jalousie puis la vengeance), l’atmosphère et les personnages donnent à ce roman un charme fou. Si le film « Malèna » vous a émoustillés, si vous avez un faible pour Lampedusa, Sciascia, Camilleri ou Brancati, ou plus récemment (un peu plus au nord) Saviano et Ferrante, ce roman vous attend.
Bilan : 🌹🌹

Mon ancêtre Poisson

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Soif

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