Cher connard

Cher connard

Virginie Despentes est la mater-ego de Michel Houellebecq. Tous deux savent cristalliser l’air du temps sur une punchline. Ils ont les mêmes obsessions : les addictions, le sexe, l’ennui, le spleen des femmes matures, la nécessité de payer ses factures, à quoi bon des enfants, et cette fâcheuse tendance à jouer les arbitres – ici de la coolitude et de la punk attitude. Il y a une différence notoire entre les deux, cependant. Despentes est de gauche : elle a un minimum d’empathie et elle n’a pas renoncé à dénoncer. Dénoncer quoi ?

- La domination des hommes depuis la nuit des temps alors que sans le vagin, Messieurs, vous n’existeriez pas (pages 30, 72, 130, 189, 197).

- Les excès et les hypocrisies du mouvement MeeToo : venant d’elle, le propos est crédible (pages 45, 92, 257).

- Les jugements hâtifs portés sur la génération Z qui préfère s’isoler dans « son » propre monde (TikTok, jeux). On ne va pas la blâmer, il suffit de regarder les infos (pages 67, 171).

Sous la forme d’un échange épistolaire (parfois d’un journal intime - le confinement), ce livre recense les colères de l’auteure qui regarde dans le rétroviseur, avec l’indulgence que l’âge lui confère (elle finit par l’écouter, ce connard). C’est aussi une longue introspection de toxico : pas trop ma came.
Ce n’est pas ma littérature de prédilection. Quand Jérôme Ferrari a envie de traiter des sujets de société, il n’écrit pas un « roman » mais des tribunes dans un journal. Ne pas confondre.

Lire le dernier Despentes, c’est assister à un dîner de noël en famille dynamité par la tante féministe, celle qui dit des choses géniales en gueulant. J’en suis sortie éclairée, divertie mais un peu saoulée.

Deux choses : 1. À mon avis, Rebecca Latté = Béatrice Dalle (citée p158) + dégaine d’Isabelle Huppert 2. Je n’ai pas arrêté de penser au « Fight Club » de Fincher.
Bilan : 🌹

Tenir sa langue

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Je suis là

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