Gloria, Gloria

Gloria, Gloria

Moi qui ne rechigne pas à lire des romans dérangeants (souvent les plus intéressants), j’ai été gâtée avec tous ces gâteux.

La narratrice imaginée par Grégory Le Floch a mis la main sur le journal intime de jeunesse de son grand-père et le moins qu’on puisse dire, c’est que papy piétine les fleurs bleues. Son truc, c’est plutôt les roses fanées et les cactus défraîchis. Le grand-père était gérontophile, animé d’une passion sans mesure pour Carmela et Marcello, âgés de plus de soixante-dix ans. La gérontophilie n’est pas un sujet facile et j’ai d’abord cru au prétexte scabreux : vu que tout a été écrit sur tout, autant faire dans le glauque, les chances d’être remarqué augmenteront proportionnellement.

Pas du tout. La relation entre ce jeune homme et ses anciens au crépuscule de leur existence donne à l’auteur l’opportunité de parler d’un sujet encore tabou : la fin de vie sexuelle. Le Floch a réussi un tour de force. Même dans les scènes les plus crues (voire repoussantes), la tendresse est palpable et l’humanité, omniprésente (pages 38-43 et 50-54, par exemple).

L’auteur se laisse aussi aller à quelques digressions instructives (on peut lui reprocher) autour du thème de la vieillesse : le suicide chez les Ammassalimiut ou la mise à l’écart consentie par la doyenne de la tribu des Aïbus.

Adoratrices du panthéon de la mièvrerie (Giordano/Grimaldi/Perrin/Da Costa/Valognes), passez votre chemin. Ici, ce ne sont pas les Bisounours que l’on s…. (« s » comme salue, bien-entendu) mais des amants décatis.

Étonnante et détonante découverte.

Bilan :🌹🌹

La femme traversante

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Deux vies

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