Héritage

Héritage

Miguel Bonnefoy a parfaitement assimilé García Márquez et Sepúlveda. On imagine aussi qu’il a rêvé des exploits des pilotes de l’Aéropostale, prisonniers de la Cordillère des Andes. Plus que n’importe quel auteur contemporain, il sait parler de l’Amérique du Sud, de son tempérament sanguin, de sa tendance à laisser la mort danser avec la vie.

Dans « Héritage », il est question d’immigration, d’identité, de descendance, de ciels et d’oiseaux. De ces femmes de caractère, de ces hommes blessés, Bonnefoy parle très bien. Il a un vrai talent d’écriture que le portrait de son personnage devenu conteur (Ilario Da) explique p149 : « Il savait soigner les pauses, entraîner des silences de tension narrative, contenir l’émotion d’un personnage pour ne pas briser l’élan, expliquer sans dire, inventer une astuce pour relancer le récit et dresser un paysage si réel, si fidèle, que celui qui l’écoutait avait l’impression d’y être tout entier ». Et bien moi, j’y fus tout entière dans les cinquante dernières pages, en pleine dictature de Pinochet. Comme si l’auteur avait besoin d’injustice et de violence pour se laisser aller, pour chercher les émotions. Les anecdotes de cette période sont extraordinaires (p180), les scènes de capture et de prison sont très bien rendues.

J’ai eu souvent l’impression d’avoir à faire à des péripéties et à des personnages convenus, raccords avec le folklore attendu. Il y a peu d’effet de surprise dans ce roman, on devine souvent ce qui va se passer – d’autant que l’auteur prend la précaution d’annoncer la couleur. C’est sans doute ce manque d’originalité qui a coûté à Bonnefoy sa place dans la dernière liste du Goncourt. Ça n’enlève rien au bonheur de lire son dernier roman.

Bilan : 🌹

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