Un jour ce sera vide

Un jour ce sera vide

Décidément, c’est avec les premiers romans que cette rentrée littéraire 2020 nous offre ses plus belles surprises.

Le point de départ est assez banal : la côte normande, une amitié, un été d’éveil et d’apprentissage. Ce n’est donc pas dans le sujet de ce livre qu’il faut chercher son originalité, mais plutôt dans la finesse de son écriture. Hugo Lindenberg sait arrêter le temps pour figer les images et les rendre mémorables. Tel un photographe virtuose, il saisit l’instant, il capture le mouvement, il immortalise les êtres, aucun détail ne lui échappe. Tout geste fait sens, tout silence révèle l’indicible. En racontant l’enfance du narrateur, Hugo Lindenberg désensable quelque chose qui nous est familier. N’est-il pas merveilleux quand, sous la plume d’un écrivain, nos souvenirs ressurgissent et qu’ils nous apparaissent plus nettement ? En le lisant, je me suis souvent fait cette réflexion : « il a raison, c’était comme il le raconte, et non comme je me l’étais imaginé ». On juge la qualité d’un livre au nombre de scènes inoubliables, à la tessiture des personnages, à l’authenticité des situations décrites. 10/10 dans les trois cas, avec une mention particulière au Grum (p64), au portrait à charge de la tante malaimée (p71-77), aux piliers de bar (p114) ou à la scène de ménage (p143-147).

Lindenberg est un écrivain prometteur parce qu’il joue d’une musique singulière, douce-amère, comme une mélodie d’Erik Satie - belle et mélancolique.
Même si la fin m’a laissée sur ma faim (on a envie de crier : et donc ?), je recommande « Un jour ce sera vide » dont le charme (suranné assumé ?) ne peut laisser indifférent.

Bilan : 🌹🌹

Les impatientes

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Héritage

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