La fille qu'on appelle

La fille qu'on appelle

De la grande littérature.
Il y a un fil rouge dans l’œuvre de Tanguy Viel : l’injustice, et plus précisément l’injustice sociale. Dans le monde de l’écrivain, les puissants abusent de leur situation dominante et le bas peuple n’a qu’à bien se tenir. Chaque être humain traîne son lot de turpitudes. Parfois, il faut rendre des comptes mais il semble qu’à ce jeu, les puissants bénéficient de l’immunité. 

Tanguy Viel est passé maître dans la description des engrenages qui annoncent les catastrophes, dans l’observation des petits marchandages qui scellent les grandes compromissions. Son écriture, alerte et sans concession, parvient à souligner les occurrences (p32), à mesurer le poids d’une distance ou d’un silence (p37), à percevoir l’indicible courant des forces en présence (p55), à pointer la puissance symbolique d’une image (p62) ou à magnifier la scénographie d’un drame (p106).

Laura est une fille légère. Max, son père, boxe dans la catégorie mi-lourd.

Laura s’arrange comme elle peut, jusqu’à côtoyer d’un peu trop près le maire de la ville, Le Bars. « Mais emprise, elle a dit, ce n’est pas un délit ? » Éclate alors le malentendu pour les uns, le scandale pour les autres, que cette citation résume : « (…) Qu’en même temps qu’on le traiterait sans doute, lui, Le Bars, de salopard, on ne pourrait s’empêcher de la traiter, elle, de pute et qu’en le disant chacun ferait pencher la balance du côté des forces de la nature, c’est-à-dire du fardeau du désir des hommes impossibles à rassasier, et la mesquinerie des femmes à en profiter ».

Ce roman est si bon qu’on en regrette la disparition d’un Tavernier ou d’un Chabrol. Ils en auraient fait un grand film.

Je souhaite à Tanguy Viel plus de réussite dans la course aux prix que Laurent Mauvignier, l’année dernière. Il est temps que les auteurs de Minuit soient récompensés à leur juste valeur

Bilan :🌹🌹🌹

Mortepeau

Mortepeau

Les fruits tombent des arbres

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