La petite menteuse

La petite menteuse

C’est vieux comme le monde. Une jeune femme qui aime la bagatelle sera plus vite traitée de salope qu’un jeune homme à qui les écarts sont permis (p73 et 205). Nous sommes en 2022 et les choses bougent. Justice n’est pas toujours rendue mais au moins, on s’interroge davantage, on demande des comptes.

Autre signe des temps, cette propension à la victimisation (p123-125). Dans le roman de Pascale Robert-Diard, le jeu de dupes bat son plein. Qui est le plus à plaindre ? Qui a le moins de circonstances atténuantes (« Les biographie des accusés sont pleines de rêves échoués ») ? Le présumé violeur ou l’adolescente mythomane ?

En creux, le roman aborde aussi d’autres questions propres à notre époque : l’abolition du droit à l’erreur, l’impossibilité de se tromper, puisque la « toile » garde en mémoire la trace du moindre méfait. Et puis la dictature des réseaux sociaux, implacables, immédiats, capables d’humilier sur la base de faits douteux.

Par le truchement d’un procès, l’auteure explore toutes ces thématiques. Elle nous entraîne dans les coulisses de la loi et nous révèle la grandeur et la vicissitude d’un milieu – la justice – où tout le monde se connaît, faisant de ces procès de grandes pièces de théâtre. À noter l’évocation jubilatoire des jurés, de leur sélection, de leurs manies et de leurs surnoms (p138-143 puis 188).

« La petite menteuse » ne suscite aucune empathie et la plaidoirie finale de son avocate peine à convaincre, parce que son mensonge a coûté beaucoup trop cher à l’accusé.

Agréable à lire, un peu rapide dans ses retournements de situation, le roman m’a moins convaincue que le très bon « Elle a menti pour les ailes » de Francesca Serra, qui décrivait avec plus de justesse la détresse d’une adolescente exposée.

Bilan :🌹

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