L'aiguilleur

L'aiguilleur

Une lecture aussi ingrate et pénible que l’hiver sibérien qui sert de décor à cette histoire. Quelle histoire ? Vassili est un aiguilleur dont la tâche principale consiste à entretenir les rails qui mèneront les convois du parti à leur destination. C’est fastidieux, répétitif, un peu vain. Ça, l’auteur en rend parfaitement compte. La lassitude qui gagne ce gardien de phare, version ferrovière, finit par gangréner un récit qui s’enfonce dans la neige et se perd dans la nuit glacée. Je ne nie pas que les descriptions soient travaillées (ex : p59, p84, p103), que l’évocation des tourments et de la toux récurrente de Vassili soit méticuleuse mais à force, la torpeur s’installe.

Et là vous vous dites, « mais ma chérie, avec une telle couverture, tu t’attendais à quoi ? À un roman d’aventures aux Caraïbes ? » Bah non, je sais, mais j’avais fait un magnifique voyage au lac Baïkal, il y a quelques années. J’avais envie de retrouver la saveur de l’omoul (le poisson endémique) et l’atmosphère particulière de ces forêts perdues au bout du monde. 

Bien mal m’en a pris. Je me suis ennuyée ferme parce que l’auteur a effectué un tel travail d’orfèvre qu’il a en a oublié le dessein de sa création - si possible, émouvoir le lecteur. Sa recherche du mot juste est admirable (on dirait qu’il cherche à rivaliser avec les Inuits qui ont plus de vingt mots différents pour parler de la neige), sa capacité à faire des éléments naturels une créature féroce est habile (p93), mais ça ne peut suffire. 
« L’aiguilleur » est l’archétype de ces romans dont la forme (maniérée, obsessionnelle) nuisent à l’intérêt du récit.

Bilan :🔪🌹

Soleil amer

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Rêver debout

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