L'échec

L'échec

J’ai de la tendresse pour les perdants magnifiques, les êtres de failles et de mystères. Leur maladresse m’émeut, je ne les soupçonne pas de m’avoir trompée. A contrario, un écrivain qui bâtit son succès sur le récit des malheurs du peuple, qui en parle si bien qu’il finit en couverture de Paris Match au bras d’une princesse millionnaire, ça ne me bouleverse pas.

Sans lui faire offense, les visages de l’échec choisis par Claro ont plus fière allure : Kafka (« Il a réussi à échouer superbement là où d’autres se seraient contentés de réussir médiocrement »), Pessoa (« Je goûte l’indécise volupté de l’échec, comme un malade épuisé attache le plus haut prix à la fièvre qui le laisse cloîtré ») et Cocteau, auxquels il consacre de magnifiques chapitres. Ces génies de la littérature ont en commun d’avoir laissé le doute les gagner.

Et puis, il y a tous ceux que la postérité boude, par on ne sait quelle négligence. Claro leur rend justice. Pourquoi D’Ormesson et non Cesbron, Gide et non Suarès, Éluard et non Salmon, Cécile Coulon et non Bernard Collin, Christian Bobin et non Mathieu Bénézet ?

L’auteur s’essaye aussi aux aphorismes, nous confie ses tourments de traducteur face au texte étranger. Il l’avoue sans détour : une traduction est un échec programmé.

Confessions, bons mots, apartés, anecdotes, réflexions… Tous ses « entretemps » ont leur intérêt mais c’est la lecture de sa nouvelle, « Le pont », qui m’a ravie. Un vrai bijou d’écriture (voir l’épisode 1).

Bilan :🌹

La petite lumière

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Aliène

Aliène