Le bon Denis

Le bon Denis

Au fil des pages, Marie Ndiaye assemble les fragments de sa vie, avec l’ambition de résoudre l’équation d’une parentalité défaillante.

La mère s’est cloîtrée dans un profond mutisme, une impasse où la souffrance a l’apparence de l’indifférence et du dédain. Quant au père… Mais de quel père parle-t-on ? Ce texte en est la quête, pudique et poétique.

On pourrait imaginer que ces fragments, mis bout à bout, forment un tableau réconfortant, de nature à répondre aux interrogations de l’auteure, à redonner du lustre à une épopée familiale dont elle est devenue la brillante héritière.

Il n’en est rien. Par petites touches, la fresque est dévoilée et de la famille, il ne reste que des vestiges, un portrait cruel et sans pitié.

Le dernier chapitre est particulièrement réussi, point final sur le questionnement qui handicape l’auteure depuis son enfance, tel un mal incurable auquel on se résigne et qui disparaît sur le tard, à la faveur d’une cure miraculeuse. Il fallait une vie bien entamée et l’envie d’en découdre avec le destin pour enfin se libérer.

L’écriture est fine, sensible et digne, mais elle est au service d’un objet littéraire hybride et décousu qui n’aurait peut-être jamais passé les fourches caudines éditoriales sans l’œuvre et la réputation méritée de l’auteure.

Appréciation : 🌹

Carnes

Carnes