Beyrouth forever

Beyrouth forever

Quiconque prétend connaître le Liban peut tomber dans le panneau (« Beyrouth forever » évidemment). Ce pays force l’admiration. Quelle résilience, quel sens de l’autodérision… et puis quel modèle de tolérance, ce multiconfessionnalisme !

Quiconque, mais pas David Hury. Contrairement aux touristes et aux journalistes de passage, l’auteur a vécu et travaillé sur place. Cela donne crédit à son propos et crédibilité à son récit. Résilience, tolérance, insouciance, autant de clichés devenus d’insupportables cache-misères. Voilà pourquoi l’auteur s’est interdit de pratiquer les sports nationaux que sont l’humour et l’ironie. Le 4 août 2020 n’a rien d’une explosion de rires : le petit peuple en a payé le prix fort, une fois de plus (« Les Libanais ne sont pas plus Phéniciens qu’héritiers spirituels du Phénix. Ils sont les dindons d’une farce qui dure depuis trop longtemps »).

Le vieux flic Marwan est le porte-parole de ceux qui préfèrent la vérité à toutes formes de compromis et d’amnésie volontaire, à l’image d’Aimée Asmar dont il se promet d’élucider le meurtre, et que sa hiérarchie veut maquiller en banal accident domestique. De l’exigence d’un devoir de mémoire naîtra l’espoir que portera la nouvelle génération.

Marwan, alter ego de l’auteur, fustige les partis politiques qui pourrissent la vie de son beau pays depuis la guerre civile, tout en s’enrichissant, en toute impunité. Sa critique est juste et sans appel (formidables tirades aux pages 78, 86, 97, 103, 145 et 160,).

Les personnages sont attachants, le portrait de Beyrouth parfaitement exécuté. Un roman policier maîtrisé dont l’unique défaut est de flirter avec le manuel d’histoire contemporaine – comme un clin d’œil au mobile du crime.

Appréciation :🌹🌹

Le bon Denis

Le bon Denis