Les insolents

Les insolents

Ça partait mal : une histoire de Parisienne bobo qui se réfugie en Bretagne… Comme un air vicié de confinement mal vécu.

Seulement voilà, en quelques pages, les personnages m’ont conquise.

Il y a Axel, la musicienne, plombée par le spleen et la misanthropie, échouée sur un bord de mer et qui « (…) ne sait pas toujours si elle est venue ici pour se sentir en sécurité ou se mettre en danger, mais si elle veut danser toute seule au milieu du salon à trois heures du matin sur « Losing my religion » à fond, elle peut ».

Il y a Margot, dont on ne sait jamais si elle tiendra parole. Imprévisible, championne de la mauvaise foi, sans « compas intérieur », tellement perchée qu’on se demande si, dans la vraie vie, elle serait autorisée à se mouvoir en société.
Mais tout s’explique, tout se pardonne. Ann Scott parvient à faire croire à ces êtres cabossés par d’insurmontables drames.

Les drames, Léo, il connaît. Sa petite trajectoire de garçon modèle a bifurqué le jour où il s’est fait tabasser sur un trottoir, sans raison, juste parce que ça défoulait son agresseur. Il est venu oublier le bitume sur la plage, et il a aperçu Axel qui déambulait près des rochers.

Le ton est juste. L’atmosphère, inquiétante et iodée, m’a vite saisie.

J’ai beaucoup aimé la tirade de l’amant éconduit (p29), les aveux de la citadine privée de confort (pages 39 et 96), les brillants passages sur les affres de la création (p166) ou la parcellisation des responsabilités (p178).

Un roman frais et lucide, comme une bourrasque en pleine poire.

Bilan :🌹🌹

La cloche de détresse

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La vie nouvelle

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