Secrets barbares

Secrets barbares

Une fratrie de dix enfants élevés par leurs géants de parents, ignorants de tout, assez loin du monde pour s’en moquer, ça ne peut mener qu’au désastre. Nous sommes en Australie. La sauvagerie de ces terres inhospitalières n’arrange rien. Elle suffoque les esprits, attise le désir, fertilise la folie et laisse l’innommable courir à fleur de peau desséchée.
Le narrateur a beau fréquenter les églises et jouer les enfants de chœur de substitution, sa moralité défaille au contact de la perversité paternelle et de l’atonie maternelle. L’isolement l’accable, la nature le trompe. Quant aux femmes, il n’en connaît que la vision coupable des corps exposés par la famille. « En ce temps-là, voyez-vous, nous n’avions pas de livres pour apprendre ce qui était attendu d’un homme ».

Rodney Hall est parti d’un fait divers, d’un crime non résolu, à Gatton, en 1898. Un crime abominable, sacrificiel dans sa mise en scène, barbare dans son exécution. Partant du peu d’éléments dont il dispose, l’auteur s’emploie à résoudre l’énigme, à scénariser l’impensable et nous convie à la troublante exploration de la psyché ces frères et sœurs. Sous sa plume – c’est à cela qu’on reconnaît le talent pur d’un écrivain – l’inimaginable devient plausible, l’hypothèse réalité. 

Le secret tient jusqu’au final, grandiose, effrayant par le paroxysme de son paganisme (magnifiques pages 182-199).

Un roman fascinant et dérangeant auquel je ne m’attendais pas de la part de l’auteur de « In memoriam », lu il y a longtemps.

Bilan : 🌹🌹

 

 

La mort moderne

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La grande épreuve

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