Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon

Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon

Un immense plaisir de lecture qui justifie les espoirs qu’on place en lui pour le Goncourt. Loin des polémiques et des coups d’éclats, Jean-Paul Dubois a écrit un « vrai beau roman ». Je vous en livre les caractéristiques : une histoire bien construite, une atmosphère unique, du suspense, des personnages attachants, une invitation à la découverte, un style propriétaire, de belles formules qu’on a envie de recopier dans son carnet de notes… Tout y est. Mais la force principale de ce livre, c’est l’opposition de caractères des protagonistes, propice à des situations dramatiques ou désopilantes. Paul Hansen et son compagnon de cellule, l’incorrigible Hells Angels Patrick Horton (quelle jubilation !). Le pasteur et sa femme, directrice d’un cinéma d’arts et d’essai qui eut l’audace de programmer Linda Lovelace. Leurs duos, tout comme leurs duels, rythment les pages, tiennent le lecteur en haleine. On reconnaît aussi un bon roman à ses personnages secondaires. Ils sont mémorables. Winona, la femme de sang indien, qui cherche le bonheur dans les nuages. Gérard LeBlond l’organiste virtuose qui électrise les paroissiennes. Kieran Read, l’ami fidèle, l’expert en assurance qui dissèque les catastrophes humaines. Et puis Sedgwick, le maître des tracasseries administratives, l’odieux technocrate qui se complaît à dresser la comptabilité des malheurs des autres. Non, tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Il y a ceux qui l’embellissent de leur passage, aussi modeste soit-il. Et ceux, comme Sedgwick, qui l’avilissent de leur médiocrité et de leurs frustrations. À ces derniers, Dubois semble poser la question suivante : quels souvenirs laisserez-vous après votre mort ? Quelle aura été votre contribution au monde ? Un tableau Excel, une étagère trop bien rangée ?

Bilan : 🌹🌹🌹

La chaleur

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Orléans

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