Ada et Graff

Ada et Graff

Cette fois, c’est le titre qui a retenu mon attention. J’avais adoré « Ada ou l’ardeur », de Vladimir Nabokov. « Ada et Graff » est un vrai roman, avec une histoire soigneusement construite et des personnages sensibles, dont le bonheur ne tient qu’à un fil.

Ça tombe bien, Graff est un funambule qui défie la gravité en nomade résigné. Ada, elle, a perdu sa fille, que la peur des reproches a placé sous l’emprise d’une secte. Septuagénaires cabossés par la vie, Ada et Graff ont gardé la faculté d’en percevoir l’éclat à tous moments. Le récit de leur idylle improbable est un enchantement. Dany Héricourt montre combien l’amour est puissant quand il entraîne ceux qui en ont déjà goûté la violence et l’émerveillement (« (…) je n’ai pas honte de l’écrire, désirer si fort est un cadeau inattendu »).

L’auteure parle remarquablement des enfants (« (…) capables d’identifier cent types de Pokémon, mais ne savent pas faire la différence entre une mésange et un moineau ») et des adolescents (« Elle soupire. Soupirer est le langage des jeunes. Le contexte en détermine la signification »).
Les personnages du livre sont déboussolés, marchent en équilibre, au bord du précipice, mais en confrontant leurs infortunes, ils redonnent un sens à leur existence. Ils n’avaient pas renoncé, ils avaient juste laissé le temps enfouir leurs plus grands espoirs.

Ce roman a ses petits défauts : il décolle un peu trop tard (quand Graff et Ada se rencontrent) et finit un peu trop tôt (les derniers chapitres sont expédiés).
Il n’en reste pas moins une bonne surprise dans cette rentrée littéraire saccagée par l’autofiction.

Bilan : 🌹🌹

Willibald

Willibald

La copiste

La copiste