Disparaître

Disparaître

Mathieux Menegaux écrit comme un médecin légiste, sans états d’âme. C’est précis, maîtrisé, sans fioritures. Dans ses romans, les personnages et leur environnement sont accessoires. L’auteur est dévoué au thème central de son livre, brutal et choquant, propice aux questionnements et aux angoisses. Alors après le viol, l’inceste ou l’erreur judiciaire, de quoi s’agit-il, cette fois ? Du désespoir existentiel, du suicide, avec cette question qui tient tout le bouquin : pour quelles raisons (suffisantes) un homme choisit-il de disparaître ? Au bout du quatrième roman, on a l’impression de suivre une série policière américaine, genre NCIS. Clinique, implacable, fascinante, mais systématique. Le mode opératoire devient trop évident. Ce n’est pas de la littérature de gare, c’est de la littérature de TGV en première classe : efficace, racée, intelligente, plaisante - conçue pour un Paris-Lyon. Rien de péjoratif dans mon propos. C’est une qualité rare, de nos jours, de prendre la peine d’inventer une histoire (qui fonctionne) et de la rendre haletante et passionnante. À cet égard, la liaison adultérine du protagoniste est criante de vérité, un manuel à l’usage du cinquantenaire qui trompe sa femme et précipite son naufrage. Et puis, c’est le seul moment où j’ai ressenti (dans leur épreuve) l’humanité des personnages. Belle évocation également du monde de la finance qui prend parfois le dessus sur l’intrigue tant l’auteur y semble à son aise. On est presque dans Le capital de Stéphane Osmont (l’humour et la folie en moins, hélas). Il y a peu de suspense dans « Disparaître », ça déroule gentiment… J’ai un respect illimité pour Mathieu Menegaux qui ne vient pas du sérail et se bonifie à chaque nouveau roman. Je dénote cependant un essoufflement de la mécanique. Il faudra me surprendre davantage dans le prochain, Mathieu Menegaux, me mettre des paillettes dans l’intrigue ! En même temps, si le sujet est l’euthanasie…

Bilan : 🌹

Les magnolias

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Pour Luky

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