Pour Luky

Pour Luky

Luky cherche sa voie, et il entend des voix- à le rendre fou. C’est un adolescent en plein questionnement (pléonasme). Aurélien Delsaux nous propose de suivre la trajectoire de Luky et de ses deux meilleurs amis, Abdoul et Diego. Tout y passe, l’appréhension de l’altérité, la compréhension des adultes, la découverte de la sexualité, les dérèglements psychologiques, l’insouciance, l’échec scolaire, le sens de la vie et du monde. Le thème de l’adolescence n’est certes pas nouveau mais le ton de l’auteur est très personnel, avec parfois de jolies formules (« les légendes, c’est d‘la vérité qui se déguise ») et des scènes criantes de vérité (ex : le professeur en larmes pendant le cours suite à l’assassinat des enfants juifs de Toulouse). Et puis, pour une fois, voilà un écrivain qui prend la peine de comprendre et d’écrire ce qu’un jeune arabe de culture musulmane peut ressentir dans une société qui le regarde avec plus de suspicion que de curiosité. On sort enfin des clichés et des préjudices habituels. Cela suffit-il à en faire un livre inoubliable ? Malheureusement non. Il manque à cette histoire de jeunes une force, un souffle que j’ai pu retrouver récemment chez Sofia Aouine ou Maria Pourchet. Là, j’ai eu l’impression de lire une leçon bien apprise, un carnet intime minutieusement rédigé. C’est difficile de traiter l’adolescence après toutes les œuvres, notamment cinématographiques, qui l’ont brillamment racontée. Il suffit de penser à Truffaut, Dolan, Kéchiche, Sattouf, Gus Van Sant, Reitman ou Larry Clark. Et on dira ce qu’on voudra, le manque de culture des protagonistes rend leurs errements moins intéressants. Pour Luky, c’est le Cercle des poètes disparus, mais sans l’érudition.

Bilan : 🌹

Disparaître

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Vie de Gérard Fulmar

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