L'allègement des vernis

L'allègement des vernis

Tout ce que j’apprécie : un roman à la fois inspirant (documenté) et divertissant (avec une vraie histoire). La prouesse est d’autant plus admirable que Paul Saint-Bris s‘est attaqué à la plus grande icône de la culture pop : la Joconde (« (…) c’est ce qui fascinait les gens, qu’une inconnue comme elle ait traversé le temps, damant le pion aux reines et aux vamps »).
Au fil des siècles, la muse de Vinci a perdu de sa superbe, son teint s’est terni. Ne faut-il pas alléger ses vernis et lui redonner ses couleurs originelles ? Mais la direction du Louvre en a maintes fois reporté l’entreprise : trop risquée, on ne touche pas au sacré.

La pandémie a fait chuter la fréquentation du plus grand musée du monde. À l’heure de la culture snack et de la frénésie Tik-Tok, il y a urgence à capter la gen Z. Il faut quelque chose de spectaculaire, que chacun s’empressera de poster sur Instagram… comme une Monna Lisa dont le visage a été refait.

L’épopée de la restauration du chef d’œuvre pose une question ô combien contemporaine : pourquoi rajeunir à tout prix ? Elle n’est pas la seule. Avec Aurélien, le responsable du département peintures dans la force d’un âge déclinant (p76), on s’interroge : pourquoi ne respecte-t-on plus le temps long ? Faut-il se méfier de la culture de masse ? Le bon goût est-il aussi subjectif qu’on l’imagine ? Ne sommes-nous pas, d’emblée, rebelles à la nouveauté (premières réactions à Buren et Pei) ?

« L’allègement des vernis » est un premier roman virtuose qui nous emmène dans les coulisses d’un musée, lieu de pouvoir où se percutent les acteurs irréconciliables de la politique, du marketing (savoureuses p37-41) et du savoir.

Bilan :🌹🌹🌹

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